Les mille et une vies de Abdelatif Benazzi

Tout le monde connaît Benazzi le gladiateur mais moins nombreux sont ceux qui connaissent Benazzi le bienfaiteur. De Oujda à Cahors, du Maroc à la France, de l’engagement des terrains de rugby à celui pour le monde associatif, Abdelatif Benazzi est un homme aux multiples combats, des combats toujours menés pour des nobles causes et dans le respect de l’adversaire. D’ailleurs, Abdel me confie combattre des idées et jamais des personnes. C’est cette assertion qui sera le fil directeur de cette article. On va rapidement parler du combat pour le rugby, insister sur son combat pour l’éthique et nous finirons notre interview par une nouvelle rubrique et si le rugby était…

Benazzi le gladiateur : son combat pour le rugby et pour la France

Sur les terrains en tant que joueur

Premier joueur d’origine maghrébine à devenir joueur de l’équipe de France, il compte 78 sélections tricolores et portera le brassard de capitaine à 10 reprises. Son engagement pour le rugby n’est pas à démontrer, guerrier sur le terrain, son physique impressionnant et ses qualités de sauteur le feront régner pendant plusieurs années sur la touche française. 8 tournois des V/VI nations à son actif dont un grand chelem en 1997 en tant que capitaine, participation à 3 coupes du monde font de Abdel un personnage emblématique du rugby français. Ayant raccroché les crampons depuis maintenant de nombreuses années, il reste proche du milieu rugbystique et continue à s’engager pour des idées. 

En dehors des terrains

Nommé au Haut Conseil à l’intégration par Jacques Chirac en 1997, il y passe trois années sous la direction de Simone Veil. Attaché aux valeurs républicaines de la France, son expérience sportive et sa sagesse lui permettent d’avoir un œil aiguisé sur les questions sensibles de l’intégration et du respect des autres en faisant toujours la part des choses entre la sphère privée et l’espace public. Promu chevalier de la légion d’honneur en 1999 et décoré de l’ordre national du mérite en 2008, il possède les deux distinctions les plus honorifiques décernées par l’État français.

Son combat pour l’éthique :

Abdel déclare que « notre sport est en danger » car la valeur fondamentale de l’éthique est galvaudée. Lorsqu’il était joueur, le rugby lui appris l’importance du collectif et sa primauté sur l’individualisme, la force du respect et le devoir d’exemplarité. Le maillot de l’équipe de France n’appartient à personne ou bien a tout le monde mais pas à celui qui le porte. Celui qui le porte est pour un temps investi d’une mission qui le dépasse, il porte quelque chose de bien plus grand que lui, il incarne le temps d’un match une nation et son cortège de valeur. Le rugby se sont des valeurs et l’ensemble de la chaîne rugbystique est garante de ses valeurs, les joueurs bien sûr qui sont exposés médiatiquement mais également les instances dirigeantes qui doivent à la fois montrer l’exemple aux jeunes et aux partenaires institutionnels et économiques qui les entourent.

« Quand je vois les valeurs du rugby bafouées, ma force est décuplée et ma volonté de me battre contre leur détournement aussi ; j’aime trop mon sport et ce qu’il représente pour ne pas essayer de lui rendre ce qu’il m’a donné. »

Son combat pour les enfants : l'association Noor

Convaincu que l’éducation des enfants conditionne leur propre avenir mais également celui de leur société, il décide de se servir de sa notoriété pour créer une association et engager un nouveau combat.

Benazzi le bienfaiteur : son combat pour les enfants du Maroc

Dans une société fragmentée, l’éducation est le socle qui permet de bâtir un avenir meilleur. C’est cette idée qui a poussé Abdel a crée en 2003 l’association Noor qui signifie lumière en arabe. L’objectif de cette association est de rénover ou de construire des écoles dans des régions rurales et isolées du Maroc. La lutte contre la précarité de l’éducation est un réel enjeu au Maroc car même si l’école est gratuite et obligatoire depuis 2002, certains territoires mal desservis obligent les enfants à effectuer plusieurs heures de marche pour aller à l’école quand ils ne sont pas obligés de travailler pour subvenir aux besoins de la famille. L’association Noor existe désormais depuis 10 années, elle est bien implantée sur son territoire et a pu réaliser des actions concrètes dont voici quelques illustrations :

- création d’une école à Sidi Lakhdar (Est du Maroc) à 60 kilomètres de la ville de Oujda en partenariat avec la délégation Régionale de Jerada du Royaume du Maroc.

- achat d’un mini bus pour le ramassage scolaire en partenariat avec la délégation régionale du ministère de l’éducation de Jerada

- organisation annuelle depuis 2004 et en collaboration avec l’UNESCO d’un week-end sportif à Oujda pour les jeunes de la région

- construction d’un musée du rugby au stade municipal de Oujda

Benazzi, le bienfaiteur n’est pas un titre usurpé car celui dont l’association s’appelle lumière est un personnage discret dont la générosité brille même dans l’ombre.

L’oriental Legends, un tournoi de golf à but caritatif

Abdel a très vite compris que la lumière était sacrée et cela pour plusieurs raisons. Nous pourrions filer la métaphore de la lumière qui est à la fois un guide, un moyen de lutte contre l’obscurité et l’obscurantisme, un moteur de performance, mais également un moyen de faire voir et de faire connaître.

C’est justement l’objet de l’Oriental Legend. Ce tournoi met la lumière à la fois sur l’association Noor mais également sur toute une région du Maroc. Une région qui pourra bénéficier de retombées économiques positives et qui pourra ainsi poursuivre son développement à travers un tourisme raisonné. Cercle vertueux, les enfants qui habitent dans cette région grandiront et pourront trouver du travail plus facilement et apporter à leur tour leur pierre à l’édifice. L’oriental Legends réunira durant deux tours (36 trous), 24 sportifs de haut niveau qui seront associés à des personnalités du sport, à des célébrités et à des chefs d’entreprise marocains et européens.

Religion Rugby soutient l’association Noor et s’engage aux côtés du géant de l’Atlas.

Abdelatif Benazzi est ambassadeur la marque aux XV valeurs depuis 4 années. Il représente la valeur générosité au sein de notre identité. Nous sommes fiers de contribuer à la réussite de son projet en sponsorisant depuis désormais deux années l’Oriental Legends. Chaque participant sera vêtu d’un polo religion rugby brodé à l’effigie de l’association. Vous pouvez à ce titre retrouver ici la collection joueur de légende, Abdelatif, le géant de l’atlas dont les bénéfices sont réinvestis à des fins caritatives.

Et si le rugby était …

Abdel inaugure notre nouvelle rubrique, une manière originale de communiquer sur le rugby et de véhiculer certains messages.

Si le rugby était un plat ?

Il serait un grand couscous. Un plat convivial par excellence autour duquel différentes cultures et personnalités peuvent se rassembler et partager un moment de fraternité. Le couscous est à l’image du rugby ; on rassemble différents ingrédients aux propriétés différentes et leur mariage les sublime et en fait quelque chose de meilleur. Ceci est à l’image d’une équipe de rugby.

Pour partager ce moment, j’inviterai plusieurs personnalités du rugby, de tous niveaux, de tous horizons car ce qui compte c’est le partage des valeurs qui transcendent toutes les différences. Il y aurait à ma gauche Johna Lomu, Philippe Sella à ma droite. Il y aurait également Jacques Fauroux, mon entraîneur des Saracens, Mustapha du club de Oujda, Christian Califano et son tatouage Maori sans oublier un cadet ou un junior du club d’Ychoux.

Si le rugby était un moment ?

Il serait un voyage du bout du monde sans sortir d’un vestiaire. Chacun à sa propre histoire, son propre vécu, dans un vestiaire si on prend le temps d’échanger et de connaître chacun, on peut laisser son esprit vagabonder.

Si le rugby était un souvenir ?

La voix de mon père lorsque je lui ai annoncé ma première sélection en équipe de France et ce qu’il m’a dit :  « tu n’as qu’à chanter fort pendant la marseillaise en pensant à ta famille, même si tu ne connais pas les paroles. »

Enfin pour conclure cet entretien, Abdel a un mot à adresser à l’équipe de France :

« Gagnez la coupe du monde, il est temps ! »